les déchets organiques, intrants de la méthanisation

Intrants de la méthanisation : Comment choisir ?

La méthanisation est un processus biologique qui transforme la matière organique en biogaz. Le choix des intrants est crucial pour optimiser la production de biogaz et assurer un rendement optimal de l’installation. Les différents types d’intrants utilisés en méthanisation ont un potentiel méthanogène variable et influencent la rentabilité de l’installation.

D’où proviennent les intrants de la méthanisation ?

Pour les méthaniseurs, il est essentiel de diversifier leurs sources d’approvisionnement en matières organiques. Cette diversification a plusieurs avantages, notamment la réduction des risques associés à la dépendance à une seule source d’intrants et la possibilité de composer une “ration” plus équilibrée pour le processus de méthanisation.

Un autre aspect crucial de cette diversification est la proximité géographique des sources d’intrants. Trouver des matières organiques à proximité de l’installation de méthanisation permet de limiter les coûts de transport, qui peuvent rapidement devenir un fardeau financier pour l’exploitant. De plus, l’utilisation de ressources locales est plus durable et contribue à réduire l’empreinte carbone de l’ensemble du processus.

Les déchets issus de l’agriculture

Les déchets agricoles constituent une source majeure d’intrants pour la méthanisation. Ils comprennent les résidus de récolte comme les pailles, les tiges et les feuilles, ainsi que les effluents d’élevage tels que le fumier et le lisier. Certains agriculteurs cultivent même des cultures dédiées (CIVE) comme le maïs, la betterave et la canne à sucre spécifiquement pour la production d’énergie.

Les déchets alimentaires de la grande distribution, de la restauration collective et des ménages

Les déchets alimentaires proviennent de diverses sources, y compris les cantines, les restaurants et les ménages. Ils peuvent inclure des restes de repas, des épluchures de fruits et légumes, et d’autres types de déchets organiques.

Les déchets de la transformation de l’industrie agroalimentaire

Les déchets industriels sont utilisés comme intrants en méthanisation. Il peut s’agir de déchets de transformation alimentaire comme les épluchures et les coquilles, ou de boues d’épuration provenant de stations d’épuration industrielles ou municipales.

les intrants sockés en méthanisation

Quel est le potentiel méthanogène des intrants ?

Le potentiel méthanogène est un critère essentiel pour tout méthaniseur soucieux d’optimiser sa production de biogaz. Il s’agit d’un indicateur qui mesure la capacité d’un intrant à produire du méthane lors de la méthanisation. Ce potentiel varie considérablement selon le type de déchet utilisé. Par exemple, les effluents d’élevage comme le fumier et le lisier ont généralement un faible potentiel méthanogène. De même, les déchets alimentaires tels que les restes de repas ou les épluchures de légumes ont un potentiel méthanogène relativement bas. À l’inverse, les huiles et les graisses provenant des industries agro-alimentaires ont un potentiel méthanogène particulièrement élevé.

L’intérêt pour le méthaniseur est donc de composer sa ration de manière à maximiser ce potentiel méthanogène. Cela implique souvent de combiner différents types de déchets pour obtenir un mélange équilibré. Par exemple, un méthaniseur pourrait choisir de mélanger des déchets agricoles à faible potentiel méthanogène avec des déchets industriels à fort potentiel méthanogène. Cette combinaison permettrait non seulement d’augmenter la production globale de biogaz, mais aussi d’améliorer la rentabilité de l’installation.

Mais ce n’est pas tout. Composer la ration idéale est aussi une question d’équilibre entre les différents éléments nutritifs et les conditions physico-chimiques nécessaires au bon déroulement du processus de méthanisation. Cela inclut des facteurs tels que le rapport carbone/azote (C/N), le potentiel hydrogène (pH), et la teneur en oligo-éléments. Un équilibre bien ajusté entre ces différents facteurs peut considérablement augmenter le rendement de l’installation.

En somme, le potentiel méthanogène n’est pas simplement une caractéristique intrinsèque des déchets utilisés; c’est aussi un levier d’optimisation que le méthaniseur peut actionner en composant judicieusement sa ration. Cela nécessite une compréhension approfondie des propriétés de chaque type de déchet, ainsi qu’une capacité à les combiner de manière efficace pour maximiser la production de biogaz.

Quelle est la rentabilité des intrants de la méthanisation  ?

La rentabilité d’une installation de méthanisation est fortement influencée par le choix des intrants. Les déchets agricoles, qui composent en moyenne 80% de la ration des intrants, ont un faible pouvoir méthanogène. Ainsi, ils sont généralement complétés par des déchets organiques industriels dont le pouvoir méthanogène est plus élevé pour optimiser la production de biogaz.

Néanmoins, les déchets d’origine industrielle sont parfois plus contraignants à exploiter. La gestion de ces contraintes influe sur la rentabilité de l’exploitation.

Les contraintes liées à l’état physique

L’état physique de la matière, qu’elle soit liquide ou solide, nécessite du matériel de stockage différent. Par exemple, si l’unité de méthanisation souhaite intégrer des boues de STEP, cela nécessite des cuves pour le stockage, tandis que des matières solides comme les résidus de récolte nécessitent des fosses. Ces fosses sont parfois recouvertes d’une bâche si la densité de la matière organique est faible (matière volatile telle que la pelure d’oignon).

Les contraintes sur les déchets d’origine animale

Les déchets d’origine animale, tels que les sous-produits de l’industrie agroalimentaire ou les effluents d’élevage, présentent des contraintes spécifiques en matière de méthanisation. Ces matières nécessitent souvent un traitement d’hygiénisation avant d’être intégrées dans le processus. Ce traitement est crucial pour éliminer les agents pathogènes et garantir que le digestat produit ne présente pas de risque sanitaire. Seules des unités habilitées à traiter ces catégories de déchets (souvent classées en catégorie span3) peuvent effectuer cette hygiénisation. Ce traitement préalable est non seulement une exigence réglementaire mais aussi une nécessité pour la sécurité sanitaire. Cependant, ces traitements supplémentaires peuvent entraîner des coûts additionnels et nécessiter des équipements spécifiques, ce qui doit être pris en compte lors de la planification et de l’exploitation d’une unité de méthanisation.

Les contraintes de conditionnement

Le conditionnement des intrants représente un défi particulier pour les unités de méthanisation. Idéalement, la matière devrait être reçue en vrac pour faciliter son traitement. Cependant, il arrive souvent que les déchets soient conditionnés dans divers types de contenants, tels que des sacs plastiques, des boîtes ou même des bouteilles en verre. Dans ces cas, un processus de déconditionnement est nécessaire, ce qui peut impliquer des opérations de centrifugation ou l’utilisation d’une vis sans fin pour écraser et séparer la matière organique du contenant. Toutefois, certaines matières, comme le verre, posent des problèmes spécifiques. Le risque d’éclats de verre dans la “soupe” (terme usuel désignant la matière organique issue du déconditionnement) rend impossible l’utilisation de certaines méthodes de déconditionnement. Ces contraintes nécessitent donc une attention particulière et peuvent impliquer des coûts et des équipements supplémentaires pour garantir un processus de méthanisation efficace et sûr.

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